The Perfume Chronicles

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Cuir Enlacé

Cuir Cavalier - MDCI

Cuir Cavalier

par Nathalie Feisthauer

pour MDCI




L’air est encore chaud, c’est une braise ardente qui souffle sur la plaine et les montagnes desséchées couleur de chair. Sur les sables clairs, les sables clairs d’Ispahan, marchent les marchands et courtisent les courtisans. Les tapis de soie multicolore, les mosaïques d’un bleu perçant de Perse et la douce pénombre du bazar où virevoltent les épices et l’odeur des peaux d’agneaux et de serpents.

 

C’est une eau-forte, une gravure peinturlurée des cités rêvées de l’Iran.

 

Constant déséquilibre, regard ambigu d’yeux voilés de noir, sillage androgyne de fleurs et d’épices, Cuir Cavalier est bien un champ de bataille : celui de l’amour, des amants qui se chamaillent. Celui de l’être en recherche d’équilibre, celui de l’âme à qui il manque une âme sœur.

 

Pétillance de safran dès l’ouverture, explosion rouge de filaments entre cuir et tonka, évoquant avec leurs accents de sécheresse et de lavande, tant la femme indomptée que l’homme indomptable. Cuir Cavalier est rouge comme le sang, rouge comme les lèvres mordues de l’être qui se donne, rouge comme la mousseline des harems, rouge comme la soie veloutée des divans, rouge comme la peau brûlée par le soleil, rouge comme le sein d’une femme et la bouche d’un homme.

Rouge comme le feu consumant deux âmes. Rouge comme l’épice et la flamme.

 

Rouge de safran, rouge d’une rose aquatique et rosée, d’une rose de jardin frais. Métallique, mélancolique, c’est la rose de l’aiguail, c’est la rose iranienne épanouie près des fontaines. Rose opulente sans être alourdie, langoureuse sans être alanguie, c’est elle qui captive et le safran capture.

 

C’est la rose du sourire qu’on devine au coin de l’œil, la rose de la voix douce et suave et lancinante ; de la voix enivrante, de la voix envoûtante qui déverrouille les portes du cœur et fait sauter les murailles de l’être. C’est la voix hypnotique de l’être que l’on se prend à aimer : c’est sa voix, son odeur et la fraîcheur de son baiser. C’est la lèvre encore sucrée du jus d’une grenade et toujours fraîche d’une gorgée de citronnade.

 

Mandarine et agrumes éclaboussent cet accord de feu et d’eau, tant poudré que cuiré. Ils donnent à manger, ils donnent à saliver – ils égaient et ouvrent l’appétit. C’est l’œil qui pétille au coin de la pénombre, le rire échangé sans annonce, c’est le frisson qui parcourt deux cœurs à l’unisson. Cette légèreté de l’être effaçant le monde alentour.

 

Naïveté de l’existence abîmée dans un amour intense, le feu de la passion tempéré aux eaux de la séduction s’étale. La bûche consumée étouffe les flammes, il ne reste que des braises incandescentes. Cuir Cavalier brille par cette ambiguïté où le safran remplace le cuir, où le bois remplace l’animal, où la fleur remplace le métal. C’est un parfum aux sept voiles qui déboussole. Le safran et la rose ne sont plus féminins, ils se font virils et presque brutaux : l’accord est masculin, solide, racé. Il n’est pas gras mais charbonneux comme un trait de khôl sous les yeux d’une princesse.

par Marion Sedlak

A mesure que le jour avance, la tonka se révèle. Poudreuse elle se joint aux accents de violette de l’iris ; sucrée elle soutient un cœur entêtant de miel.

 

Cuir Cavalier a en effet la race du cuir et l’élégance d’un cavalier ; la brutalité de la bête et la sophistication de son maître. C’est un travail de contrastes, une toile tissée au fil de la finesse avec un brio non étranger au talent de Nathalie Feisthauer.

 

Les lignes se suivent et se confondent. La rose est métallique comme une lame, le cuir est au safran tant qu’à la fève, l’animal est au miel autant qu’à l’oud. Évocations cireuses, presque cirées, de ces fièvres passionnées de l’amour et de la mort.

 

Champ de bataille oui. De deux âmes qui se battent, de deux corps qui se choquent et se touchent et se blessent jusqu’à l’étreinte. Rouge non sanglant, sacrifice non violent ; Cuir Cavalier est une nouvelle interprétation d’un accord qu’on pensait éculé.

 

Désinvolte, il brille par son décalage autant que par sa puissance. Sillage ravageur et tenue explosive l’habillent. C’est un parfum que l’on pense connaître et qui ne cesse de surprendre.

 

Nouvelle entrée fracassante dans la collection MDCI, Cuir Cavalier ravit les cœurs pour les mieux faire chavirer. Il mord, sans compromis il s’attache puis il chasse. Redoutable d’élégance, c’est à ce jour le parfum le plus fidèle aux volutes de safran qui s’élèvent dans les bazars d’Orient.

 

Mise à nu du safran, le voici brillant sous toutes ses facettes, exaltées une à une par une constellation de molécules. Parfum retrouvé des sheikhs disparus, Cuir Cavalier inspire la crainte et la noblesse comme le profil racé des faucons.

 

Le sable des dunes chante lui-aussi, comme la poudre à canon il chante, comme la poudre il s’envole et colle à la peau de ceux qui suent de s’être trop longtemps aimés en secret…

Au désert d’Ispahan se rencontrent les âmes,

Au désert d’Ispahan se rencontrent les hommes.


Cuir Cavalier - MDCI

EdP 75ml - 225€

Disponible à Paris chez Jovoy et Sens Unique. Pour plus d’informations visitez leur site Web : www.parfumsmdci.free.fr