The Perfume Chronicles

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Poudre Impériale - Sous le Manteau

Poudre Impériale - Sous le Manteau

Poudre Impériale

par Nathalie Feisthauer

pour Sous le Manteau



C’est une chose étrange que de parler d’amour. C’est un sursaut violent, une indicible force, une voix sans pareille – c’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

C’est un regard intime que celui que tu me portes,

C’est une lèvre mienne, celle-là que je mords.

 

Et c’est un cœur et un corps, c’est ton cou et mon cou, c’est un être et mon être. C’est toi et c’est moi, c’est ta sueur contre la mienne et ta salive entre mes doigts. C’est le poivre de ton appel, c’est le sel de mes ébats. C’est l’histoire de ton corps qu’on lit à travers moi.

 

C’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

De parler de toi sans parler de moi. De parler de ton heure sans citer mon bonheur et décrire tes cheveux sans passer aux aveux. Vive flamme qui souffle de mon corps, c’est un éclair qui me traverse, c’est une source qui me jaillit et m’ouvre la bouche pour te louer.


C’est une chose étrange que de parler d’amour.

De tes bras encore chauds et de moi dedans toi. De deux corps chevauchés, de deux âmes enlacées et deux êtres qui se noient dans les yeux de chacun. De tes sourcils brillants, de tes cils d’enfant, de ton front lisse et de tes pieds blancs.

 

C’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

De se sentir ainsi confrontés l’un et l’autre à nos inconnus. De cette minute ineffable, de cette seconde même qui se dilate comme une vie, où l’on se croit connaître, où l’on se croit liés, on l’on se croit unis pour toute la vie. De cet épanouissement rayonnant comme un astre, de cette jouissance qui réchauffe le ventre.

 

C’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

Et de cette heure où l’un et l’autre imbriqués, nous nous tenions jusqu’à l’âme pour ne se jamais plus quitter. Où nous nous sommes connus, reconnus. De cette heure qui nous vit dilatés jusqu’à n’être plus qu’un.



C’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

Et des nuits pourpres trouées d’étoiles où l’on ne respire que ton parfum. De la lumière lumineuse qui luit différemment quand tu t’en viens et de l’ombre qui se pose sur ton corps comme sur une toile. De ce corps que l’on regarde sans se jamais lasser, de ton œil pétillant et de ton rire que l’on voudrait croquer.

C’est une chose étrange que de parler d’amour.


Car il y a toi et il y a moi. Car nous nous sommes connus quand nous étions nus. Car j’ai goûté tes faiblesses tandis que j’étais faible, et ta force tandis que j’étais frêle. Car j’ai baisé ton sein quand tu prenais le mien et je ne chantais rien que tu ne m’aies murmuré au silence de mes reins.

 

C’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

Car parler de toi, c’est parler de moi. Et des draps de lin blanc qui ont tu nos amours mélodieuses.  Il me souvient l’heure studieuse où stançant des poèmes je te mordais le doigt, où perdu dans tes draps je te sentais le bras. Il me souvient encore ton odeur de lait. Il me souvient encore ton parfum d’oranger. Il me souviennent encore et le goût et la douceur de ton blond duvet.

 

Et le sucre de ton lait et le jus qu’entre tes lèvres incarnates je buvais. Je n’ai rien oublié des épices ; tu n’as rien oublié de l’encens. Je n’ai rien oublié de ton odeur ; tu n’as rien jugé de mon humeur.

 

C’est une chose étrange que de parler d’amour.

 

De ta peau brûlant comme une braise, de tes baisers ardents comme le fer, de ta langue fusant comme un tison et de tes cheveux portant l’odeur de la cannelle, de la muscade et du citron. Je n’ai rien oublié de toi, je n’ai rien oublié de ces matins, je n’ai rien oublié de ces heures bleues où je glissais contre toi. De ces vapeurs poudrées et de l’air empourpré de fleurs blanches. Je n’ai rien oublié des étés, je n’ai rien oublié des chaleurs, je n’ai rien oublié de l’air que l’on brassait et du vent qui soufflait sous le pas de la porte. Je n’ai rien oublié des persiennes et du silence que procure le soir ; je n’ai rien oublié des poètes, je n’ai rien oublié des vers italiens dont on peignait les murs avant de se les partager – sans un mot.

Je n’ai rien oublié de ton parfum qui me hante quand je me lève le soir. De ton odeur que je cherche sur toutes les peaux et de la vigueur de nos réveils. Je n’ai rien oublié de ta fougue, je n’ai rien oublié de ta flamme. Je n’ai rien oublié de nos bleus, je n’ai rien oublié de nos cicatrices, je n’ai rien oublié de nos larmes.

 

Je n’ai rien oublié de ta sueur, je n’ai rien oublié de mes pleurs. Je n’ai rien oublié de nos heures inviolables, de nos heures ineffables, de notre temps hors du temps, de nos vies que l’on passait à défier la mort, de nos nuits épuisées à réparer nos torts. Rien, rien, je n’ai rien oublié de nos bonheurs noyés aux flots de l’orgueil, de la fière insolence qui colorait nos regards et de l’acmé de nos amours.

 

De mes amours.

 

Je n’ai rien oublié de ta fuite. Je n’ai rien oublié de mon silence. Je n’ai rien oublié de l’amertume amère qui m’a rendu à la vie. Je n’ai rien oublié de ton abandon, toi que j’ai tant chéri. Je n’ai rien oublié de ton parfum qui peuple encore mes nuits. Je n’ai rien oublié de la solitude et du froid qui m’ont conquis. Je n’ai rien oublié des jardins qui n’ont jamais reverdi, des saules toujours pleureurs, de mes yeux toujours bouffis. Je n’ai rien oublié de ton odeur d’élémi qui au jardin de ma mère a fleuri. Rien oublié de ma chute et de mon abandon en toi cependant qu’au poivre de mon corps dansent tes effluves de cannelle.

 

Rien, rien, rien, je n’ai rien oublié de toi. Car il n’est de toi sans moi, de moi sans toi, je n’ai rien oublié de toi. De mon être en toi, de ma foi en toi. De ton empire sur mes rêves, de ton emprise sur mes sens.

 

Et de nos vies ensemble. 

 

« Car je suis faible et comme neige,

Amour sois cruel ou bien plus doux ;

Et laisse-moi vivre ou bien couler,

Et laisse-moi choir ou bien voler.

Ou laisse-moi vivre et donc aimer,

Ou bien mourir et oublier

Ce qu’amour a jamais existé. »


Poudre Impériale - Sous le Manteau

EdP 50ml/100ml - 120€/165€

Disponible chez Sens Unique et aux Galeries Lafayette-Champs Élysées à Paris et à l’international.

Pour plus d’informations, visitez leur site Web : www.souslemanteauparis.com