Baiser d'Innocence

Baiser de Florence

Baiser de Florence

Baiser de Florence

par Sonia Constant

pour Ella K Parfums



« Il est midi, je vois l’église ouverte. Il faut entrer »

 

C’est par ces mots que Paul Claudel ouvre son plus beau poème, dédié à la Mère de Dieu. C’est par eux, aussi, que nous pourrions décrire, sans plus en dire, ce parfum : Baiser de Florence. C’est le second parfum de la marque Ella K que nous présentons…c’est aussi notre premier amour. Baiser de Florence, comme la ville éponyme, est un coup de cœur. Il est passionnel, foudroyant – surtout il est sûr, durable, il ne s’efface pas quand vient le temps. Baiser de Florence est une étreinte au détour d’une rue brûlante, un lèvre à lèvre au-dessus d’un horizon de tuiles chauffées.

 

Brûlante oui, car il brûle, ce Baiser, arqué sur une myrrhe sublime, la plus belle que nous ayons sentie depuis Myrrhe Ardente. C’est une matière sauvage, elle a son caractère, sensuelle comme la Reine de Saba et terrifiante comme le bois de la Croix. Elle est clivante, envoûtante ; elle est toxique comme un succube et vivifiante comme une onction de Chrême. Sur notre peau, Baiser de Florence révèle une myrrhe magnifique ayant l'odeur de sa couleur : un rouge terracotta, cristallin. Elle est collante - comme une trace de rouge à lèvres, comme le suaire au corps du Christ, comme le miel au rayon, comme la sueur au front.

 

Collante oui, car il colle ce Baiser. C’est une lèvre sucrée, à peine cassée, dans les plis de laquelle coule une salive qui se fait nectar. La vanille se joint au concours de la myrrhe pour offrir à sentir, à goûter, à mordiller un accord des plus sensuels, des plus charnus, des plus charnels. C’est le Baiser que Lorenzaccio attendait de son bien-aimé. Une lèvre rosie, douce comme un abricot, charnue comme une figue, juteuse comme une grenade. Une lèvre parfaite, lisse, polie. La lèvre des marbres de Michel-Ange.

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De marbre oui, car on le dit blanc. Blanc comme les clochettes de jasmin qui se lovent le long des colonnes florentines, apportant à l’accord un caractère résolument floral, sobrement animal, assurément royal. Royal comme le marbre mais ce n'est pas un marbre froid comme celui de l'Escorial, ni le marbre doré comme ceux de Constantinople mais bien la pierre épicée, facettée, gorgée de soleil, de parfums et d'aromates qui donnait le vertige à tous les architectes de la Renaissance.  

 

Vertigineux oui, car comme le reste des créations de Sonia Constant, Baiser de Florence est vertical à n’en plus finir. Il saisit, élève, surprend. Il tutoie les hauteurs des cieux par ses évocations d’encens cathédral. C’est un baiser fidèle, un baiser dévot, dévoué, priant. C’est le baiser du romantique acculé par ses dettes qui, fuyant ses créanciers l’épée au clair, se faufile de cour en passage, bousculant les étals, arrachant les tissages, pour se réfugier dans le silence du Duomo et baiser, la joue trempée de sueur et baignée de larmes, les pieds de la Madone qui l’accueille en souriant.

 

La Madone oui, car Baiser de Florence à l’image du Duomo est un chef d’œuvre d’architecture, dont la clef de voûte est l’iris, l’iris de Florence. Blanc, sans tâche, au parfum d’une suavité indicible rappelant celui des nouveau-nés. Racine immaculée au parfum d’innocence que l’on offre en bouquets à la Vierge inépousée. Il déploie son parfum poudré dès les premières notes, s’intensifiant à mesure que l’on avance avec lui. Baiser irisé, baiser de maternité – c’est le parfum de l’enfant qu’une mère apprend à connaître, c’est le parfum de sa mère qui ne quitte jamais plus l’enfant. C’est un iris cristallin, poli, débarrassé de ses innombrables scories : il a perdu son parfum de cuir, abandonné ses facettes de violette confite pour ne rendre que le sien, en toute simplicité.

 

Simplicité oui, car à côté de ce bouquet d’iris, de jasmin et de myrrhe, se lève un encens dénudé. Sous la coupole démesurée d’orgueil qui toise Florence, sur le pavement de marbres entrelacés, derrière la façade bichromée de saints, résonne la prière des chanoines assemblés à l’ombre des colonnes au minimalisme tranchant. Leurs ombres altières se meuvent sur les murs, comme les volutes, les volutes d’oliban. La fumée froide caresse les peaux, traverse les soies, se joint aux cantiques murmurés à mi-voix – elle remplit l’espace, couvrant de sa nuée fragrante la fresque de la coupole.

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Couvrant oui, car Baiser de Florence recouvre le corps comme d’une chape de tendresse amoureuse. La brume qui voile la magnificence des fresques et des dalles évoque la pudeur qui pince les lèvres et serre le cœur de l’être que l’on embrasse. C’est le voile de douceur qui conquiert un cœur sans ardeur. C’est l’héliotrope qui trace un sillage de tiaré. C’est le voile qui rend visible l’invisible, sensible l’indicible, qui fait frémir les cœurs de pierre, fléchir les âmes fières. C’est la châsse qui garde le mystère.

 

Mystère oui, car ce Baiser est mystère. Il marque notre peau et pourtant se dérobe à nous ; on le dépasse, il nous précède. C’est le parfum d’une course, d’un moment, du saisissement. C’est un regard arraché au coin d’une seconde qui ne laisse pas le cœur indifférent, c’est un sillage saisi au milieu d’une phrase – qui nous hante. C’est une phrase grégorienne qui s’attache à notre âme, c’est le goût d’un amour qu’on ne voudrait jamais oublier, la mémoire d’une joie qu’on ne veut pas voir fanée.

 

« Il est midi, je vois l’église ouverte. Il faut entrer. »

 

Tout est dit, mes fous en sens. 

C’est le parfum du soleil, du silence,

De l’accueil, de l’urgence,

 

De Florence.


Baiser de Florence - Ella K Parfums

EDP 75ml - 230€

Disponible au Bon Marché Rive Gauche, chez Jovoy Paris, au Bongénie en Suisse et dans le monde.

Pour plus d’informations visitez leur site Web : www.ellakparfums.com